Gaîa, Ô Terre
Le recueil (im)possible.
2012/2021
Salin des Pesquiers, Route de Giens, La Capte.
10 photographies à découvrir sur le Pas du Saunier (voie douce de découverte).
Tous les jours, accès libre nov à mars 9h-17h / Avril à juin et sept à oct 8h-18h / Juil-aout 8h-20h.
Septembre 2024/septembre 2025
Monographie :
www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Livres-d-Art/Insulaire#
Saint-John Perse, de son vrai nom Alexis Leger, s’installe au lieu-dit La Polynésie, sur la presqu’île de Giens, en 1957. Je connais presque par cœur ce bout de terre à l’extrême sud du Var, je l’ai maintes fois arpenté depuis l’enfance. Il ressemble à un navire tourné vers le large et m’emmène chaque fois vers un ailleurs où se mêlent mythes du bassin méditerranéen et puissance des forces élémentaires. Lorsque j’ai découvert la poésie de Saint-John Perse et sa « haute maison de mer », Les Vigneaux, je me suis laissé emmener par ses mots et son souffle poétique. Plusieurs années durant, j’ai tourné autour du lieu où il avait vécu, tenté de suivre ses traces, deviné et imaginé ses pas sur la presqu’île. Comme Pierre Guerre, l’ami que Saint-John Perse accueillait chaleureusement aux Vigneaux, je suis devenue intimement convaincue que « le poète ne fait pas que nommer les choses, il les “connaît”, il les hante. Il est poète par un contact ininterrompu, nécessaire, avec le sol, les arbres, l’air et les vagues ».
À la fin de sa vie, Saint-John Perse avait le projet d’écrire un cycle de poèmes d’éloge à la terre, comme il l’avait fait auparavant pour d’autres éléments, avec Vents, Amers ou Pluies par exemple. On sait que cet ensemble avait été provisoirement intitulé Gaïa par le poète. Guidée par le mystère autour de cette œuvre inachevée, je tente de capter la dimension tellurique des courants qui se déplacent continuellement entre les zones lumineuses et les zones d’ombre de la terre. En m’inspirant de certains de ces derniers poèmes écrits à Giens et d’autres plus anciens, je guette les lumières de la Méditerranée, je poursuis une Atlantide entre rêve et réalité, je questionne la frontière entre terre et mer. Je cherche un lien, une limite, entre paysages documentaires et paysages oniriques. Parallèlement, je collecte et fabrique différents fusains avec les morceaux de bois trouvés le long du sentier du littoral, j’expérimente une dimension plus picturale du travail photographique en dessinant au fusain et à la mine de plomb sur les tirages pigmentaires des paysages documentaires. J’utilise la matière naturelle du lieu afin d’apposer à mon tour ma propre trace.
English Version :
Saint-John Perse, whose real name is Alexis Leger, settled in a place called La Polynésie, on the Giens peninsula, in 1957. I know this piece of land in the far south of the Var almost by heart, I have walked it many times since childhood. It looks like a ship facing out to sea and each time takes me to another place where the myths of the Mediterranean basin and the power of elemental forces mingle. When I discovered the poetry of Saint-John Perse and his "high sea house", Les Vigneaux, I let myself be carried away by his words and his poetic vision. For several years I circled around the place where he lived and imagined following in his footsteps on peninsula. Like Pierre Guerre, the friend whom Saint-John Perse warmly welcomed to Les Vigneaux, I became deeply convinced that "the poet does not just name things, he 'knows' them, he inhabits them. He is a poet through an uninterrupted, necessary contact with the earth, the trees, the air and the waves1 ».
At the end of his life, Saint-John Perse undertook the project of writing a series of poems in praise of the earth, as he had done before for other elements, with "Vents", "Amers" or "Pluies" for example. We know that this ensemble had been provisionally titled "Gaïa" by the poet. Guided by the mystery around this unfinished work, I endeavour to capture the telluric dimension of the currents that continually move between the luminous zones and the shadow zones of the earth. Inspired by some of these last poems written in Giens and other older ones, I attend to the lights of the Mediterranean, I pursue an Atlantis between dream and reality, I question the border between land and sea. I seek a link, a boundary, between documentary landscapes and dreamlike landscapes. At the same time, I collect and make different charcoals with pieces of wood found along the coastal path, experimenting with a more pictorial dimension of photographic work by drawing in charcoal and graphite on the pigmentes prints documenting these landscapes. I use the natural material this environment provides to add my own mark.
Photographs taken on the Giens peninsula between 2012 and 2021.